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L'industrie du troisième millénaire

  in Lyon Capitale - N°414 - mercredi 19 au mardi 25 février 2003 - Actualité Enquête

"Ehrmann accuse Perrot et Janin «d'avoir épuisé les fonds propre du groupe par des erreurs de gestion et des fautes graves répétées»"

Revue de presse
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REVUE DE PRESSE

Actualité. Quand Thierry Ehrmann n'est pas d'accord avec la politique menée par les dirigeants d'une société dont il est l'un des principaux actionnaires, le ton monte vite, et les tribunaux risquent bien d'avoir leur mot à dire.

Ehrmann en pleine bataille d'actionnaires

Le torchon brûle entre Thierry Ehrmann et Tracing Server. Résultat, ce qui était présenté en 2000 comme un superbe mariage économique entre le roi de l'internet et le spécialiste de la traçabilité alimentaire est en passe de devenir un sombre divorce, où tous les coups semblent désormais permis.

Petit retour en arrière : créée en 1990, Elia (qui deviendra Tracing Server) est une entreprise spécialisée dans la création de logiciels de traçabilité. Au cœur des préoccupations des consommateurs, la traçabilite alimentaire devient un marché d'avenir et les systèmes développés par Tracing Server, une référence au niveau européen. Intéressé par l'activité de Tracing Server, Thierry Ehrmann, patron du Groupe Serveur, propose à Gilles Perrot et Claude Janin, (respectivement président du Conseil de Surveillance et président du Directoire) de leur vendre Serveur Internet, sa filiale spécialisée dans l'hébergement et les banques de données proffessionneles. Dans le même temps, Ehrmann décide d'entrer dans le capital de Tracing Server, devenant ainsi un actionnaire de référence avec près de 20%. Tout semble bien se passer, et après un beau parcours au marché libre de la Bourse de Paris, Tracing Server franchit un nouveau cap en intégrant le nouveau marché en décembre 2000.

C'est à partir de là que tout bascule. Giles Perrot et Claude Janin utilisent, selon plusieurs actionnaires, une partie des fonds levés pour rembourser des dettes, au lieu d'investir dans des opérations de croissance externe, et ce qui était indiqué dans le relevé d'information présenté à la Commission des Opérations Boursières (COB). Au même moment, le ralentissement économique fait chuter le chiffre d'affaires de la société et, pour la première fois de son histoire, Tracing Server est en difficulté. 2002 est une année noire et le groupe enregistre ses premières pertes. Si les actionnaires attendent l'annonce du bilan 2002, certains bruits évoquent déjà un chiffre d'affaires d'environ 30 millions d'euros et des pertes avoisinant les 5 millions d'euros. Pour Thierry Ehrmann, la situation est inacceptable : le patron du Groupe Serveur mobilise tout son savoir-faire de communicant pour révéler les imperfections du système. Dans sa revue de presse sur internet, Ehrmann va jusqu'à énoncer les points de tension : "Les fonds levés en bourse ont été affectés en grande partie au remboursement des dettes alors qu'ils devaient être réservés principalement à la croissance externe". Pire encore. Ehrmann accuse Perrot et Janin "d'avoir épuisé les fonds propre du groupe par des erreurs de gestion et des fautes graves répétées". Interrogée sur cette affaire, la direction de Tracing Server préfère évoquer son "droit de réserve jusqu'au moment où une solution acceptable par les deux parties sera trouvée. Dans le cas où aucune solution ne se dégage, la vérité devra alors être faite". Toujours selon la direction de Tracing, Thierry Ehrmann "a une logique financière" contrairement à eux qui ont "une stratégie industrielle".

Mais les affaires se compliquent encore lorsque les actionnaires se constituent en association afin de dénoncer certaines des dérives relevées par Ehrmann.

Devant cette levée de bouclier de la aprt d'Ehrmann et d'un grand nombre d'actionnaires, la direction de Tracing décide, début janvier, de convoquer une assemblée générale. Objectif : demander la révocation de Thierry Ehrmann du COnseil de Surveillance. Mais suite à une plainte adressée au tribunal de commerce de Lyon par le Groupe Serveur pour irrégularités dans la convocation de cette AG, la réunion n'aura pas lieu.

En attente des résultats 2002 qu'ils annoncent "catastrophiques", les actionnaires de Tracing Server laissent entendre que des "mesures drastiques semblent inévitables" si les dirigeants ne veulent pas déposer le bilan". Si les propos semblent sévères, l'annonce dans le courant de la semaine devrait permettre à tout le monde d'y voir plus clair dans ce sac de nœuds, où chacun semble avoir des difficultés à expliquer les difficultés financières dun groupe présenté, il y a peu encore, comme l'une des réussites lyonnaises des années quatre-vingt-dix.

José Noya

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